Et si les prix immobiliers continuaient de grimper en 2023?
C’est ce qui s’appelle un atterrissage en douceur. Malgré l’ambiance morose, les prix de l’immobilier devraient continuer de grimper en 2023 mais plus doucement. Le Crédit agricole anticipe une progression moyenne de 2% en 2023 contre une hausse de 4,8% pour 2022 pour le marché de l’ancien, selon une étude publiée ce mercredi. Les villes moyennes, qui ne sont pas encore touchées par l’essoufflement des prix, figurent parmi les grands gagnants cités par l’auteur de l’étude.
A contrario Paris, Bordeaux, Lyon et Nantes risquent d’être pénalisées mais seulement par de «légères baisses». «Le marché de l’ancien va rester assez soutenu. Ses fondamentaux restent favorables mais la remontée régulière des taux de crédit, les impacts du conflit en Ukraine, la dégradation de la conjoncture et l’insuffisance de l’offre devraient conduire à une correction des ventes et à un freinage assez net des prix», analyse Olivier Éluère, économiste au Crédit agricole.
Cette correction des ventes a déjà pris forme depuis la rentrée. Malgré tout, le million de transactions devrait encore être dépassé en 2022. Et à en croire le Crédit agricole, cette barre symbolique pourrait à nouveau être atteinte en 2023. En dépit d’une chute de 9%, la banque verte s’attend à ce qu’environ 1 million de logements soient vendus l’année prochaine. Une performance qui, si elle était validée dans un an, serait plus qu’honorable alors que la hausse des taux de crédit et le choc inflationniste plombent le moral des ménages et réduisent leur pouvoir d’achat. «La demande devrait rester assez soutenue dans le logement ancien, assure Olivier Éluère. Les périphéries et villes moyennes resteraient dopées par le télétravail et la recherche d’un habitat plus vert mais les grandes villes devraient résister grâce à des fondamentaux favorables».
«Pas de bulle immobilière»
À contre-courant du diagnostic actuel, le Crédit agricole, qui est un des plus gros pourvoyeurs en crédit immobilier, estime que le «resserrement de l’octroi de crédit devrait rester assez mesuré». «Le crédit est soutenu mais ne connaît pas d’emballement. Nous ne sommes pas a priori dans un processus de bulle immobilière, décrypte avec prudence Olivier Éluère. Le modèle français du crédit reste prudent, avec des risques contenus .» La part des encours douteux sur les crédits immobiliers (dans les encours totaux) dépasse à peine les 1% (chiffre de 2021), selon l’autorité de contrôle (ACPR).
Quant au taux d’effort (le poids du logement dans les dépenses des emprunteurs, NDLR), il est stable, selon le Crédit agricole, autour de 30%. La hausse des taux de crédit ne sera pas de nature, selon l’auteur de l’étude, à freiner la demande. Pour inciter les acheteurs à concrétiser leur projet, l’économiste conseille aux emprunteurs d’augmenter leur apport ou de revoir à la baisse leur surface pour compenser la hausse des taux. Pas sûr que ce soit à la portée de tout le monde.