Le beau temps est de retour... les barbecues entre amis sont de rigueur !!!
Une question se pose... pour apporter un peu de culture autour d'un barbecue et donc souvent d'un apéritif... D'où vient le mot Barbecue ???
Si les jargons restent l’apanage des professionnels, l’usage des termes techniques en dévie bien souvent le sens premier ; quiproquos… bien décevants ! Et puisque les mots ont un sens et que nous bénéficions d’une langue riche et variée, profitons de quelques minutes pour revenir sur : « Le Barbecue ! »
Qui imaginerait d’inviter ses amis à une gril-partie ? Et pourtant, ce mot, dans son acception moderne » barbecue », existe depuis toujours dans la langue de Molière. Devons-nous croire alors qu’une fois de plus, Le Français, en mal d’inspiration ou à l’affût d’un anglicisme qui lui conférait une touche classieuse, a directement emprunté le vocable barbecue à ses cousins américains ? Hum, pas si simple…
Car, même si les spécialistes de l’étymologie s’arrachent quelque peu les cheveux à la recherche des premières apparitions du barbecue dans le monde, il semble à peu près certain qu’il provient des Caraïbes sous la forme « barbacoa ou buccan », et peut être des Arawaks ; ce peuple pacifique qui occupait la plupart des îles antillaises actuelles jusqu’à ce que de redoutables guerriers établis sur les côtes de Guyane, anthropophages par ailleurs, les exterminent à l’exception des femmes. La viande féminine ne serait-elle pas comestible ?
Un barbe à queue ?
Donc, il est d’usage dans cette région (comme dans bien d’autres, mais là n’est pas la question aujourd’hui), de cuire la viande en creusant un trou dans la terre, une fosse dans laquelle on dépose un entrecroisement de bois (le buccan qui nous donnera le verbe boucaner), avant de recouvrir l’animal à cuire de feuilles d’agave et de charbon et d’y mettre le feu de façon « méchoui de sept heures ».
Ce voyant, des francophones auraient décrit cette cuisson de l’animal entier, de la barbe à la queue… qui aurait donné la forme actuelle de barbecue. L’histoire est pittoresque, mais hélas fausse car le terme barbacoa se montre bien trop répandu dans de nombreuses langues à travers le monde et ce, depuis des siècles, pour qu’il ne s’affirme pas comme la source unique de notre fameux barbecue…
Un singulier boucan
Assez étrangement, il existe, en français, une autre étymologie au boucanier qui serait un bûcheron même si, dès le XVIème siècle, on atteste le boucan comme gril sur lequel les « sauvages » fument la viande. Plus épicé, le vieux français boucan, qui décrit un lieu de débauche qui doit son nom au bouc (il en est d’ailleurs resté de nos jours l’argotique emboucaner qui signifie empester), le bouc, disais-je dont l’appétit sexuel était fort réputé ; boucaner, c’était faire le bouc. Tout un programme.
De là à ce que le lieu, bruyant et débauché, devienne, en langage moderne, du bruit intempestif, il n’y eut pas long à franchir. Ce qui nous éloigne de notre grillade… Mais qui nous ramène quand on sait que notre commerçant en viandes actuel s’intitule bien boucher à l’… Mais qui nous ramène quand on sait que notre commerçant en viandes actuel s’intitule bien boucher à l’étymologie tout aussi caprine.
Donc, même si on ne peut se prononcer formellement sur l’origine de tous ces mots on notera qu’il s’en est fallu de peu que l’on s’invite mutuellement à une boucan-partie… En tout bien tout honneur, bien entendu.
Un mot qui recèle bien des recettes.
Il existe toutes sortes de façons de cuire au gril, dont la plus ancienne consiste à boucaner la viande, autrement dit la fumer pour une plus longue conservation. Une technique simple qui vise à produire de la fumée, grâce à un feu plus ou moins ardent, et de faire circuler les fumerolles ainsi créées dans le compartiment voisin où séjourne la viande.
On notera que cette cuisson boucanée est encore fort répandue aux Antilles où l’on vend à la sauvette, au détour d’une route de montagne, de délicieux poulets à emporter, sorte de fast-food local.
En revanche, pour une dégustation immédiate, il se montre préférable de braiser le morceau carné, autrement dit de faire cuire doucement à la braise (de bois, de charbon de bois…) D’où l’intérêt de notre gril qui fait le bonheur de bien des familles le week-end.
Le génie américain.
Maintenant, nos camarades américains, qui ont un sens du pratique particulièrement avancé, ont eu vite fait d’améliorer le modèle en inventant des grils à gaz naturel, au propane, à l’électricité voire à l’énergie solaire. Bref, on se montre davantage proche d’une cuisine extérieure que de notre rôtissoire façon homme des bois. Le charme y laisse quelques plumes mais le fonctionnel a pris le dessus.
Assez logiquement, il ne fallut guère de temps pour que cette façon de cuire la viande donne son nom à l’appareil lui-même puis à l’évènement gastronomique (« Je t’invite à un barbecue »), sous-entendu « à une fête où on grillera de la viande ». Ne restait plus à nos cousins d’outre-Atlantique qu’à répandre le concept à travers le monde.
Un Championnat du monde !
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